Des ambitions : aider les start-ups engagées face aux crises actuelles et pour chaque innovation trouver un modèle économique facilitant sa diffusion dans la société
Jeudi 1er décembre 2022 se tenait la cinquième édition de Start-Ulm, concours de start-ups organisé par le Club des Normaliens dans l’Entreprise. Cette édition était centrée sur les innovations issues des laboratoires de l’Ecole, ce qui a valu la présence appréciée de plusieurs chercheurs.
Sur les douze start-ups déjà primées par le concours, sept ont réussi leurs premières levées de fonds pour un montant supérieur à 50 M€, un premier bilan très encourageant.
Après une interruption de deux ans en raison de la crise sanitaire, le prix de l’innovation et de l’esprit d’entreprise revient sur la scène de la rue d’Ulm avec des évolutions majeures notamment pour suivre le monde qui a changé entre 2019 et 2022. L’engagement des étudiants et des jeunes archicubes exprime « un refus du monde d’avant » face aux crises actuelles. Le prix Start-Ulm « nouvelle formule » étudie les solutions proposées par les start-ups dans les domaines du climat ou de la santé.
Le souhait de Start-Ulm est également de se rapprocher des laboratoires de l’ENS et d’intervenir plus en amont, au moment où se cristallise l’idée de start-up.
Pour chaque innovation, l’écosystème Start-Ulm ambitionne d’aider à trouver un modèle économique facilitant sa diffusion dans la société.
Frédéric Worms souligne que la création de start-ups est soutenue par l’ENS et sa direction et mentionne l’existence d’un projet d’ensemble sur l’innovation et l’entrepreneuriat porté par Emmanuel Basset. L’ENS travaille actuellement sur deux pôles : l’un tourné vers les étudiants avec la mise en place d’une offre de cours (connaissance des business-plans, de l’écosystème, …) et l’autre pour encourager la dynamique des laboratoires dans ce domaine. « Les start-ups sont un nouvel outil pour faire de la science et nous aurons besoin de la Fondation et des anciens pour nous aider à le développer. » (E. Basset)
Lydéric Bocquet, directeur de recherche au laboratoire de physique de l’ENS et CNRS, chaire Innovation au Collège de France, témoigne du changement d’esprit dans les laboratoires de l’ENS et illustre la recherche en laboratoire qui peut mener à la création de start-ups. Il dirige l’équipe de recherche MicroMégas dont le travail sur l’écoulement des fluides à toutes petites échelles et inspiré par la nature, l’a mené à s’interroger sur le moyen de passer de la science à l’innovation. « Les étagères des labos sont pleines de découvertes qui ne demandent qu’à sortir ». La structure d’une start-up est en capacité de les développer. « La start-up est un outil formidable pour sortir les recherches des laboratoires ». Elle constitue une bonne courroie de transmission pour parler aux grands groupes. Le parcours est long mais pour viser l’industrialisation et avoir un impact international, il faut faire germer les start-ups dans les labos où existe une recherche très en amont qui peut impacter le monde et faire le lien entre la recherche fondamentale et l’innovation.
Lydéric Bocquet cite deux exemples de start-ups qui ont été créées. Dans le nanoprinting : Hummink avec la création d’un « stylo plume » à l’échelle nanométrique et sur l’énérgie osmotique : Sweetch, pour trouver de l’énergie grâce à l’eau salée et l’eau de rivière. Malheureusement les technologies sont très coûteuses.
Lydéric Bocquet présente également un exemple de recherche bio-inspirée avec l’aquaporine, une sorte de filtre au niveau du rein, « une base des performances pour nous orienter à créer des membranes de dessalement d’eau sur Terre ».
Deux projets sont présentés aux président et membres du jury* de Start-Ulm cette année :
Le projet Viro (innovation de rupture pour le traitement de l’eau) porté par Lucie Ries et Soufiane Abdelghani Idrissi, offrant une solution portable de purification de l’eau dans un contexte environnemental où l’eau est désormais comptée puisque 33% des pays du monde seront en stress hydrique en 2023. Désaliniser en petite quantité est compliqué mais ce projet propose de le faire avec des matériaux moins chers et avec moins d’énergie.
Le projet OrgaScreen (innovation de rupture sur l’isolation de composants cellulaires à des fins thérapeutiques) dans le domaine de la biotechnologie, porté par Alexandre Santinho, Vincent Faugeras et Abdou Rachid Thiam. Ici la proposition est d’extraire les organelles** entières d’une cellule et de générer des organelles 10 à 50 fois plus grandes que dans l’état de l’art pour permettre d’envisager de nouvelles applications dans le domaine de la santé et en biologie pour créer de nouvelles vagues de thérapie. Ces organelles extra-cellulaires ont un potentiel énorme pour la recherche académique et thérapeutique. OrgaScreen fournira des études de conseil, uniques sur le marché, aux industries pharmaceutiques.
Les deux projets sont jugés brillants par les membres du jury qui les désignent ex-aequo et décident unanimement de leur attribuer le 1er prix, financé en partie par la Fondation de l’ENS, soit 2500 € chacun.
* Composition du Jury de Start-Ulm 2022 :
- Frédéric Mazzella, Président du Jury
- Marie Brandewinder, Philippe Roy, Christophe Guir, Olivier Decazes, Jacques Massot
**Une organelle est une petite structure à l’intérieur de la cellule qui agit comme un microréacteur avec une fonction spécifique.