Intelligence artificielle et justice sociale
Le 11 juin, l’École normale supérieure a accueilli Sasha Luccioni, chercheuse en IA et climat chez Hugging Face, pour une conférence marquante dans le cadre de la Chaire “Justice sociale et intelligence artificielle” dont elle est la nouvelle titulaire, et qui est portée par l’ENS et sa Fondation, la Fondation Abeona, l’Université Laval et le réseau Obvia.

L’effet papillon de l’intelligence artificielle
Intitulée The Butterfly Effect, la conférence a exploré les impacts systémiques de l’IA sur l’environnement, la société et l’économie. Sasha Luccioni y a défendu une vision élargie de la durabilité, qui ne se limite pas aux questions écologiques, mais englobe aussi les effets sociaux et économiques des technologies.
L’IA permet aujourd’hui de suivre les émissions de CO₂, de cartographier la biodiversité ou de développer des matériaux innovants. Mais elle engendre également une importante empreinte carbone, stimule la consommation numérique et concentre le pouvoir entre les mains de quelques acteurs.
Une approche critique et engagée
Sasha Luccioni interroge les effets sociaux de l’IA : quels savoirs disparaissent quand des outils comme les dictionnaires ou les cartes sont remplacés ? Qui est exclu lorsque les innovations technologiques ne profitent qu’à une minorité ? Quel est le coût humain de la robotisation de l’agriculture ou de la publicité ciblée ?
Elle appelle à une gouvernance démocratique et inclusive de l’IA, capable de mesurer objectivement ses bénéfices comme ses effets pervers, à travers des outils d’évaluation nouveaux, multidisciplinaires et transparents.
L’IA n’a pas besoin de plus d’énergie — elle a besoin de moins de concentration de pouvoir
Nous pouvons encore orienter l’IA dans une autre direction en changeant notre manière de faire de la recherche et de développer l’IA.

Une priorité pour l’ENS et sa Fondation
Cette conférence s’inscrit pleinement dans la stratégie de l’ENS : développer une recherche interdisciplinaire sur les enjeux contemporains de l’intelligence artificielle. Chaque année, la Chaire “Justice sociale et intelligence artificielle” se donne pour mission de faire dialoguer les disciplines, croiser expertise scientifique et engagement sociétal et ainsi nourrir une réflexion critique sur les technologies qui façonnent notre présent et notre avenir.
À travers ces initiatives tangibles, l’ENS affirme sa volonté d’étudier et d’encadrer l’intelligence artificielle au service de l’intérêt général.

